L'avenir des États nés dans l'hostilité
Lorsque des groupes humains ne se sentent plus la capacité de vivre ensemble - toujours cette question essentielle -, de vivre avec l’État dans lequel ils se trouvent et avec leurs concitoyens, ils se séparent ; et, pour se séparer, ils n’ont actuellement d’autre moyen que de se proclamer comme nations et de se faire reconnaître comme États...
...Ce processus est une calamité. D’abord parce qu’il va engendrer des États à la chaîne et que nous n’en assumerons pas les conséquences ; nous ne saurons pas assurer la prospérité de ces États, nous n’assurerons pas leur sécurité. Ensuite parce que ces États naissent dans le ressentiment, par la nature même du processus qui aboutit à leur construction, et qui est un divorce, un rejet. Par conséquent, ces États nés dans l’hostilité vont demeurer dans l’hostilité, et dans l’hostilité vis-à vis de voisins qui, pour l’éternité des temps, sont appelés à le rester. Il est clair que l’étape suivante d’un tel processus, c’est la guerre, et la guerre dans sa pire forme, c’est-à-dire la guerre de purification ethnique, ou la guerre totale dans laquelle l'existence même du voisin est considérée comme une menace : on ne nourrit pas simplement des différends à son encontre, son existence même vous menace. C’est là un type de guerre d’une tout autre nature, beaucoup plus redoutable (...).
- Source : Peut-il exister une politique de paix ? Conférence de l'UNESCO "Vers une culture de la paix - quelle sécurité?", p.95
- Date de publication : 2010-04-10
- Thèmes : Culture de paix , Guerre , Haine , Vivre ensemble
Homme d'affaires, par ailleurs, spécialiste des questions de sécurité et de vivre-ensemble.