Evolution historique du mot paix
De la « paix négative » à la « paix positive » dans les accords de paix et dans les théories de la paix
Le texte qui suit cite quelques accords de paix significatifs marquant une évolution progressive dans la compréhension du mot paix : de l'absence provisoire de guerre (trêve), qu'on définit aujourd'hui comme "paix négative" car le mot "paix" est alors défini par ce qu'elle n'est pas, à la consolidation de la paix entre populations, fondée sur la notion de "paix positive" c'est à dire une dynamique de paix fondée sur une culture de paix qui favorise le bien-vivre ensemble. La paix positive se définit par ce qu'elle est et par ce qu'elle apporte de bon.
Durant l'Antiquité
Périodes d'accalmie entre 2 guerres, fixées par traité dans un environnement qui reste fortement militarisé et accompagnées souvent par des arrangements matrimoniaux.
- 2400 av JC: 1er traité (connu) à but de paix: Traité de fraternité pour s'entendre entre adversaires en Mésopotamie
- 2350 av JC: 1er traité de paix écrit (connu): entre 2 villes de Syrie
- 2000 à 1000 av JC: Périodes d'accalmie entre multiples guerres, grande activité diplomatique
- 1275 av JC: Traité de paix pour stabiliser une frontière entre Ramsès II (Egypte vaincue) et les Hittites.
Entre 500 av JC et 500 apr JC
Tentatives de mettre fin à des guerres
Entre 500 et 850
Période d’élargissement de la notion de paix pour inclure des avantages au-delà de l’arrêt de la guerre
Entre 850 et 1528
Période où les traités de paix se limitent à la reconnaissance mutuelle des territoires et souverainetés.
Entre 1529 et 1945
Période où des accords de paix comprennent des accords de réciprocité et des alliances, ainsi que des mesures de démilitarisation.
Post 1945 à ce jour
- L’Europe, le Japon se pacifient.
- Les armes sont de plus en plus dévastatrices.
- Les intérêts mercantiles favorisent des guerres pour détenir les ressources naturelles et pour pouvoir avoir des contrats de reconstruction.
- Les guerres sont aussi le fait de milices, de paramilitaires, de groupes isolés et pas qu’entre armées.
Post 1990 à ce jour
Les accords de paix visent de plus en plus le vivre-ensemble et si possible, le bien-vivre ensemble des populations au vu de la mixité identitaire, culturelle, religieuse et/ou politique des régions en conflit (Irlande, Moyen-Orient, Philippines, Algérie, Afrique du Sud, Rwanda, autres pays d’Afrique et d’ailleurs,…).
Les activités de promotion et de consolidation de la paix augmentent significativement avec une visée qui va au-delà de l’arrêt des guerres et vers une paix positive construite sur la coopération, le développement et l’acceptation de l’autre.
Conclusions relatives aux accords de paix à travers les âges :
L’immense majorité des accords de paix sont des accords de paix négative
(limités à l’absence de guerre, au respect militaire de frontières).
Quelques accords de paix sont des exemples de paix positive
Ceux qui concrétisent des aspirations d’entente entre êtres humains :
- Respect mutuel de la vie, de l’intégrité physique, des besoins vitaux, des identités culturelles et des choix spirituels des populations
- Entente, harmonie, concorde, bonheur (mutuels)
- Coopération, aide mutuelle
- Libertés d’entreprendre, de circulation, de commercer, de s’exprimer, …
- Respect mutuel du territoire politique et de la propriété privée d’autrui.
Exemples :
- le tout premier Traité de fraternité (2400 av JC) à Sumer
- le Traité de paix entre le Tibet et la Chine (822) qui vise à rendre heureux les populations
- Le Traité de Versailles (1919) qui annonce la création de la Société des Nations
- Le Traité de St Germain (1919) qui concrétise les aspirations des uns à être des nations libres.
Quelques accords comprennent des éléments de paix positive
Ceux qui concrétisent des garanties mutuelles d’avantages pratiques, tels que :
- la sécurité des personnes
- la liberté religieuse
- la libre circulation des personnes et des marchandises
- la protection des marchandises, …
Exemples :
- le Traité de paix perpétuelle (587) entre 2 rois de territoires pré-français
- Le Traité de St. Julien entre Genevois et Savoyards (1603).